dimanche 31 décembre 2006

Osaka


Je vous ai envoyé un mail, l’avez-vous reçu ?
Non ?
C’était hier. Vous n’avez pas regardé votre messagerie. Ce n’est pas grave.
Pas très grave. J’appuie sur le déclencheur. Je vous ai vue passer dans la rue.
Je n’ai pas hésité une seconde. Je vous ai suivie. Pas très longtemps.
Quelques pas. Le temps de m’imprégner du mouvement de votre corps dans les vagues de touristes qui affluent en cet été indien. Ils envahissent tout comme des algues, ils se multiplient et asphyxient les crevettes grises, devrais-je dire roses ? J’ai pris la photo, j’ai suspendu le mouvement au-dessus du silence des mots, dans le léger déclic, presque imperceptible, un battement de cils et j’ai croisé votre regard. Ce n’est rien. Rien qui trouble le lisse jour de ma vie, je guette les instants, les insaisissables failles, les brusques échappées du cadre, le mot bafouille silencieux sur mes lèvres et je m’égare sans réponse, je vais vous laisser fuir, comme toujours. Le ciel est blanc, doux de laine et de légers chuintements qui se glissent sous la surface du temps. Votre silhouette se réduit à une ligne, un signe, une graphie noire sur une page blanche,
très pure, très simple, très fluide, si vraie.


Avertissement :
chaque passager doit prendre les plus express mesures de précaution pour ne pas mettre sa vie en danger et a fortiori la vie des autres.
Les règles s’imposent à tous, à tous elles porteront bénéfice, à savoir, lévitation et survol des périls vitaux liés à notre dangereuse condition humaine.