dimanche 22 juin 2008

Lyon


Qui les a vus?
Qui les a écoutés?
Qui les a reçus?
Tous ceux qui se sont compromis avec ces inconnus, indésirables, infortunés, invivables et incurables seront désinfectés à grand renfort de détergent, exfoliant, désintoxiquant, démembrement, et décervellement car ils sont un danger. Un danger pour nous et donc pour eux. Un danger pour tout et partout. Leurs discours sont aussi mensongers que les publicités. Ils nous font croire que le noir est rose, que le blanc est bleu, que le jaune est rouge et que le vert sera un jour gris. À ce rythme rien ne survivra d’authentique à cette frénésie barbare qui va nous brasser un melting pot pire que les visions de l’art contemporain. Il faut sauver ce qui est sauvable, c'est-à-dire nous, les non contaminés, les non embrigadés, les non humains, les inhumains. Nous seuls sommes les bons, les bons hommes, les bons terminaux, les bons réseaux, les bons agneaux, les bons samaritains, les bons offices, les bons sergents. Nous sommes les bons sauveurs et savons sauver ce qui doit être sauvé. Le reste c’est de l’idéologie, de l’idéologie sauvageonne, pernicieuse et fabulaphone. D’ailleurs regardez les défiler avec leurs slogans sanitaires et sectaires.
Tous ceux qui se sont compromis avec ces parapluies seront fichés et expulsés.


lundi 16 juin 2008

Île Saint Pierre


Je vous ai gardé une place, face au lac. L’eau se teinte des reflets du ciel, des mouvements incessants des nuages, des éclipses du soleil et des éblouissements soudains de son retour. Je vous attends. L’averse a dispersé les promeneurs. Il n’y aura que vous et moi. Seuls. En face à face. Pour évoquer un commencement, un destin, peut-être. Vous avez raison nul ne peut dire ce qui aurait changé si vous étiez venu il y a des centaines d’années. Si vous étiez venu le matin, lorsque les eaux s’étaient à peine retirées du bouillonnement des pierres roulées, bien avant que ne se dessine la plage, bien avant que ne s’ordonnent les flots agités. Vous avez eu peur. Aujourd’hui tout est en place, il y a des tables et des chaises, il y a des poubelles et des ordures. Il y a d’invisibles poisons chimiques mêlés à d’incolores pesticides, il y a de calmes mensonges qui bercent les survivants, il y a une douceur qui paralyse la révolte. Il y a l’apparence qui possède toute chose et disperse les futiles reproches. Un souffle de vent engendre un rire moqueur. Je vous invente à l’origine dans un improbable dialogue et une folle espérance.


Je rêve en attendant je ne sais quoi, je ne sais qui. En attendant… le rêve, un ruban de mots, et de mouvements, de couleurs, une étrange polyphonie, perméable au présent, greffée sur un néant agité de possibles formes. Je rêve. Les chaises fondent comme sucre. La plage scintille et s’efface. L’eau dissimule les rives, s’allonge, s’étire, en elle se retourne le ciel comme une fourrure se change en écailles et des écailles en lisse murmure. J’ai perdu quelque chose sans savoir quoi. J’ai trouvé je ne sais davantage comme si emportée fluide et intemporelle je n’étais que le songe. Les chaises sont vides et peuplées. Parents et amis ont surgi, agrippée à une branche secouée par le vent, je me suis retournée comme le nageur se roule sur lui-même et remonte à la surface. Les pins ont une odeur prenante et chaude. Je ne suis pas partie. Mes pieds tâtent les cailloux sous la semelle, raclent, poussent l’un deux comme une balle. Il a une jolie couleur. Blanc comme les nuages.

samedi 7 juin 2008

Lyon


Au cœur des mèches de cheveux,
la fleur posée (piquée), comme une perle de rosée,
fait miroiter la promesse de l’aube.
Les enfants curieux
ouvrent les portes des jardins secrets
et dessinent leurs rêves
comme les oiseaux gazouillent le matin.