lundi 21 avril 2008

Paris




À deux heures du matin je me suis endormie. À six j’ai sauté du lit. J’ai couru à mes affaires, celles qui à grands cris harcèlent ma tranquillité d’esprit. Point à la ligne. Je suis arrivée à Paris. C’est un exercice de style métamorphosé en exercice de vie. Tu l’as dit. Il faut le faire. Impossible de lever le pied. Freiner. Ne pas laisser froisser le lait qui chauffe. Attention la lessive est faite. Les rendez-vous sont suspendus. Je te retrouve. Le livre reste grand ouvert. Les fleurs ankylosées réclament des soins. La liste n’est pas exhaustive, mais à suivre de près. C’est une question d’organisation. On ouvre la fenêtre pour respirer un grand coup. Attraper au passage un fou rire qui n’attendait que ça. De dérapages en bavardages sortir le nez de son guidon. Tu es heureuse. Un son couine comme une souris entre les pattes du chat. Les boutons s’esclaffent et refusent de tourner. Heureusement tu es venue. Une ribambelle de papiers ouvre les ailes comme soucis enlevés au souffle du ciel. Tant à se dire. Les pieds nus rêvent de plage. Le biberon est bu. Clap clap. Le matin chuchote l’évasion. Des anges comme des pétales de roses caressent nos joues. Larguées les amarres, à se retrouver on franchit les limites. Déjà pétillent nos projets, on saute de hier à demain, on cueille une brassée de présent. Tant à faire. Tant à partager. Tant à vivre.

Saint-Just-La-Pendue


Drôle de nom
Drôle d’histoire.
Où sont elles allées les racontées de hier,
les venues d’ailleurs qui se sont égarées ici?
Où ont-elles couru à la lisière des interdits,
entre temps condamnées, toujours insoumises?
Ont-elles essaimé révoltes et rébellions?

lundi 14 avril 2008

Genève


J’entends jouer une sonate
les sons rivalisent avec pluie et vent
dehors
dedans
entre les peaux du passé et du présent,
milles feuilles
où se sont imprimés caresses et douleurs, griffures du temps, regards pluriels,
l’instant joue de rire
précisément et légèrement
sur ma langue
une douce saveur
au vertige
de toi.


Cours sous l’orage poursuivre les audaces, fracasser les regrets, hurler les défis, arracher la peur. Dans le geste de l’oiseau qui s’élance, se fissure la chrysalide des interdits, les bords à bords claquent sans répit et harponnent les rêves les plus fous, les rires font des dentelles comme les demoiselles d’antan, tout s’allume maintenant.


J’ouvre mon carnet et je note. Je note qu’un enfant s’est lové dans un rêve.
C’est impossible dites vous? C’est certain. Sur le point de naître il suce son pouce. Délicieusement. Comment le savez-vous? J’ai dénoué mon mouchoir baluchon et sorti un à un mes arguments, posément. Que pouvez vous me répondre? Si vous ne voyez rien c’est que vous avez oublié d’ouvrir un coin de ciel bleu derrière les murs barbelés.


C’est l’immersion dans l’étrange, le retour embryonnaire à une sensation globale, dans un indéchiffrable foisonnement de signes, de souffles vacillants, le corps en suspension, envahi de flux rythmés comme des pulsations lentes, régulières, profondes et douces. La hâte est inutile, le temps n’a pas cours à l’essentiel des choses. Savoir n’est pas savoir.


De la logique en toute chose et pour cela préfère le nombre pair.
Deux en toute intimité.
En duo plutôt qu’en solo.
Deux à deux, en rang d’oignons.
Pause. Confidences murmurées.
Double jeu, en recto et verso.
Deux casquettes pour en perdre une.
Une feuille pliée fait double feuille.
Deux fois deux font quatre.
Quatre fait des angles et pour cela on se tire à quatre épingles plutôt qu’à deux.
Une répétition est au programme des jeux.
Mais nous sommes deux et c’est bien mieux.

Coppet


Il pleut.
Les feuilles s’alanguissent sous l’eau,
une liane se vrille à l’éventail oublié sur le clavecin fané,
les auditeurs ont froissé leur costume et se sont glacés dans le cadre de leur portrait posé sur la commode,
un parfum volage a pris froid en avançant à pas feutrés,
les oiseaux ont lissé de rose émoi leur immuables présence,
avec les souvenirs agrippés aux cordes de la lyre,
les yeux se croisent,
les livres au dos courbaturé d’immobilité refusent l’exercice salutaire d’un galop dans la campagne,
le sous main cache les taches d’encre et les plis d’amour,
un rien s’est posé comme des lèvres,
le voile en dentelle abrite mille pensées impatientes qui préparent en secret leur évasion,
un dernier clin d’œil au jardin à l’abandon sous la bruine chasse de son refuge le romantisme qui rêve de prendre son thé en porcelaine de Sèvres.

Lausanne


vendredi 4 avril 2008

Lyon



Mon voisin m’étonne. Je constate qu’il a changé de stratégie en même temps que de costume. La cravate est tombée avec les premiers rayons de soleil. Il s’expose ostensiblement après avoir fuit toute contamination.


La rumeur va vite. Chacun regarde le ciel, arrête ses calculs, cible les dommages, contrôle les résidus et fredonne sa chanson.

Brou


Pourquoi ne me regardez vous pas?
Il suffit de battre les cartes avant qu’elles échappent des mains, de tourner la tête pour voir ce qui vient (de droite et ce qui part de gauche), de lever davantage le nez pour embrasser ce qui passe à portée du jour.

Chalamont


Dididoulouboudoumdimdalabaloudidamdamboumdididoulouboudoumdimdalaloudidam