samedi 7 août 2010

Metz





Elle a trouvé cet auteur sublime mais ne l'avait pas lu. Les critiques l'avaient trouvé sublime, elle le trouvait sublime. Ils avaient louangé son écriture, ses thèmes de prédilection, la perversité de ses textes, ils annoncent une chose et en disent une autre, amoraux en somme, cela se doit, pour ne pas singer le conformisme totalitaire qui malaxe les esprits et les réduit en petits pots pour enfants en bas âge, bourrés de vitamines et de faux semblants. Elle le lira peut-être, on ne sait jamais, s'il lui tombe sous la main dans un moment de désoeuvrement, dans la perspective d'orner sa conversation lors d'un vernissage. Elle pourra au passage inventer quelques textes d'éditions rares, tout juste dénichés, par pur hasard. Oui, elle était sous le charme d'une écriture si rare, si essentielle, comment le dire, oui il faut le reconnaître, qui demande un réel effort au lecteur. Mais quelle récompense cette plongée en apothéose dans le décloisonnement spectral. Elle poussa un soupir, beaucoup d'efforts. Elle concentra toute son attention sur la personne qui marchait devant elle. Elle ne la connaissait pas ou si, peut-être l'avait-elle déjà croisée, dans une autre salle, entre deux étages, de biais, elle avait bien fait de venir ici, l'espace ouvre des perspectives. Dans son manteau rouge, elle ne passait pas inaperçue.
Début de roman.