lundi 14 avril 2008

Genève


J’entends jouer une sonate
les sons rivalisent avec pluie et vent
dehors
dedans
entre les peaux du passé et du présent,
milles feuilles
où se sont imprimés caresses et douleurs, griffures du temps, regards pluriels,
l’instant joue de rire
précisément et légèrement
sur ma langue
une douce saveur
au vertige
de toi.


Cours sous l’orage poursuivre les audaces, fracasser les regrets, hurler les défis, arracher la peur. Dans le geste de l’oiseau qui s’élance, se fissure la chrysalide des interdits, les bords à bords claquent sans répit et harponnent les rêves les plus fous, les rires font des dentelles comme les demoiselles d’antan, tout s’allume maintenant.


J’ouvre mon carnet et je note. Je note qu’un enfant s’est lové dans un rêve.
C’est impossible dites vous? C’est certain. Sur le point de naître il suce son pouce. Délicieusement. Comment le savez-vous? J’ai dénoué mon mouchoir baluchon et sorti un à un mes arguments, posément. Que pouvez vous me répondre? Si vous ne voyez rien c’est que vous avez oublié d’ouvrir un coin de ciel bleu derrière les murs barbelés.


C’est l’immersion dans l’étrange, le retour embryonnaire à une sensation globale, dans un indéchiffrable foisonnement de signes, de souffles vacillants, le corps en suspension, envahi de flux rythmés comme des pulsations lentes, régulières, profondes et douces. La hâte est inutile, le temps n’a pas cours à l’essentiel des choses. Savoir n’est pas savoir.


De la logique en toute chose et pour cela préfère le nombre pair.
Deux en toute intimité.
En duo plutôt qu’en solo.
Deux à deux, en rang d’oignons.
Pause. Confidences murmurées.
Double jeu, en recto et verso.
Deux casquettes pour en perdre une.
Une feuille pliée fait double feuille.
Deux fois deux font quatre.
Quatre fait des angles et pour cela on se tire à quatre épingles plutôt qu’à deux.
Une répétition est au programme des jeux.
Mais nous sommes deux et c’est bien mieux.