lundi 14 avril 2008

Coppet


Il pleut.
Les feuilles s’alanguissent sous l’eau,
une liane se vrille à l’éventail oublié sur le clavecin fané,
les auditeurs ont froissé leur costume et se sont glacés dans le cadre de leur portrait posé sur la commode,
un parfum volage a pris froid en avançant à pas feutrés,
les oiseaux ont lissé de rose émoi leur immuables présence,
avec les souvenirs agrippés aux cordes de la lyre,
les yeux se croisent,
les livres au dos courbaturé d’immobilité refusent l’exercice salutaire d’un galop dans la campagne,
le sous main cache les taches d’encre et les plis d’amour,
un rien s’est posé comme des lèvres,
le voile en dentelle abrite mille pensées impatientes qui préparent en secret leur évasion,
un dernier clin d’œil au jardin à l’abandon sous la bruine chasse de son refuge le romantisme qui rêve de prendre son thé en porcelaine de Sèvres.