Vertige sur lequel broder des mots qui disparaissent aussi vite qu’ils touchent la surface les sons sonnent et se rétractent dans le silence le regard peut sauter de la fenêtre à la table briser la vitre, le temps, fuir et se recroqueviller. Avez vous oublié quelque chose ?
13 H 24. Exactement. Le jouet est au milieu d’un rêve. Insolite caméléon il s’efface en happant l’instant. Le jour joue avec l’ombre qui file sur les bords échappe et se dérobe.
Impossibles à saisir, les glissements des ombres traversent en flottant l’escalier qui court on ne sait où. Un vagabond écaille la peau de l’eau, repas de fortune. Les graffitis se soulèvent pour abriter les nuages.
Seuil de la nuit carte du tarot diagonale du fou silence du sage soie irisée velours profonds abymes et surfaces graciles dentelles perles brodées joyaux jetés hasards perdus miroir des cœurs étincelles d’extase douceur des baisers souffles des lumières murmures de la nuit.
Magie des alternances Du clair et de l’obscur Lignes de fuites Orage blanc et calme noir Fulgurances premières Pages non écrites Césures et fêlures Notes invisibles Mélodie mystérieuse
Il faut tuer le temps, il faut tuer l’ennui, il faut s’arcbouter sur les jours qui sont froids comme des potirons gelés au jardin, délaissés par le jardinier, le courrier est tombé au fonds de la boite aux lettres, les voisins sont partis, les feuilles rougissent et tombent inlassablement, pas de répit, le vent bourdonne, la rue est déserte, les pensées sont en pause, le piano s’est tu lui aussi, les seules réponses honnêtes se sont fabriquées une laine et se cachent sous un air de chanson, personne ne veut payer son parking, chacun campe sur ses certitudes. La nuit est longue.
Les vagues et les nuages glissent leurs mains sous mes rêves. Ils les caressent, les malaxent, comme pâte ou mousse, les étirent, les transforment, me les rendent. Ils se mêlent aux cailloux que je ramasse et trie, glisse dans une poche où ils tintent délicieusement.
Attendre l’aube l’incertain la progressive montée d’une lisière blanche palpitation d’espérance gouffre creusé au cœur l’élan s’extirpe de la glaise agité par le souffle l’intérieur se déchire explose de joie dans la fébrilité un ailleurs immensité insondée ouverte le jour crie naissance
Dehors dedans rêve réalité envers endroit vrille et embobine attrape et ne lâche plus tire dessus et dévide miroir et échiquier le temps pose un mirage sur le bord de la fenêtre
Depuis 2006, la collaboration
entre l’écrivain Marie-Yvonne Munch
et Florence Roller, photographe
et graphiste, donne lieu à ce journal,
Les lapins requins, où se rencontrent
textes et images.
Marie-Yvonne Munch écrit à vif, attentive aux réalités discordantes d’un monde mouvant. Projetant les émotions surgies de l’enfance, elle capte avec intensité des fragments de vie, d’éphémères fulgurances. Elle écrit des poèmes, des haïkus, des nouvelles et des pièces de théâtre.
Florence Roller est née en 1978, diplômée de l'école supérieure des arts décoratifs de Strasbourg en 2005.