dimanche 12 décembre 2010

Échirolles


Elle ne s’intéresse qu’à la neige qui doit venir, peut être, rien n’est certain, mais elle pense que la neige va tomber bientôt et faire sonner des grelots, des petits sons pointus et fins, très cristallins, très légers et courts, comme des petites perles qui tombent et sautent sur le carrelage et brillent en courant aux quatre coins. La neige aussi va courir, flotter en tous sens, faire culbutes et virevoltes.
L’hiver ne finit ni ne commence, il est arrêté comme un passant au milieu du gué du mois de décembre. Arrêté, le regard rêveur, porté au loin, au loin intérieur, sans trouble, sourd aux coups donnés par la chute des corps glacés, sourd au bruit de la glace qui gémit, sourd aux brefs éclats de soleil, apparus et enfuis, comme les sursauts d’une lutte entre les masses grises, le combat de deux sumos les pieds enfoncés dans la terre.
Mais en l’absence de certitude absolue, elle reste debout sur une jambe, l’autre repliée sous sa jupe. Avant de la poser, il faudrait savoir ce qu’elle veut faire, suivre les perles qui avaient roulé au loin, sous les arbustes noirs, les déclarer perdues jusqu’à une autre décision, ou suivre un appel entendu qui faisait des cercles autour du point fixe qu’elle était, là, comme fichée dans le sol, au milieu d’une éclaircie, allait-elle prendre son envol ?