samedi 24 avril 2010

Îles du Frioul




Elle aimait faire des petites demoiselles en coquelicots. Pour cela elle prenait un gros bouton fermé, l'ouvrait délicatement, lissait les pétales encore froissés et repliés comme les ailes d'un papillon qui sort de sa chrysalide. Elle les lissait d'un doigt très léger, puis coupait d'un pincement d'ongles le pistil avec son petit chapeau chinois, renversait la fleur et plantait cette tête sur le cou fin de la tige. Elle faisait ainsi deux ou trois petites demoiselles à la jupe rouge et au corsage vert. Elle les posait au creux de sa main et leur parlait. Elles étaient très fragiles, dans la poche, sous le mouchoir, elles se cassaient. Dommage.