dimanche 13 juillet 2008

Lyon


J’ai faim. Ce n’est pas normal. Plus personne n’a faim. Ni soif d’ailleurs. Ces basses pulsions ont été arrêtées depuis longtemps et remplacées au profit des facultés réflexives et anticipatives. Je m’inquiète. Je dois en référer. J’ai sans doute trop travaillé. Trop braqué mes yeux sur les résidus des survivants. Je suis un spécialiste de l’évolution. Tel que vous me voyiez je n’existe plus vraiment. Je soigne mon apparence pour faire illusion. Vous croyiez me voir mais vous voyiez un 3D aux symptômes d’autrefois. D’ailleurs que veut dire ce mot. I n’existe pas. Il n’existe plus. C’est un coquillage vide, curieux et rare, un trésor de cabinet de curiosités, comme moi en quelque sorte. Ma réalité est invisible. Il n’y a plus d’enveloppe à ce moi qui n’est pas. Ce qui reste c’est un prisme lumineux qui se forme et se déforme selon l’orientation, selon le mouvement de la pensée. La mienne bien sûr, la vôtre n’est pas activée. La vôtre s’imprègne seulement de mes volontés, des hasards qui montent à la surface de la vitre et la font éclater.
Attendez moi. Tout est beau dans la virtualité. Tout est pure merveille. Vous avez été prévenu il y a des lustres déjà, une citrouille devient carrosse, une étincelle feu.