lundi 31 décembre 2007

Rossemaison




Fais le tour des alentours, attention aux dérapages, sans lampe de poche mais le nez en l’air, entre lune cachée et lune rousse, méfies toi des longues oreilles, avec prudence avance un pied puis l’autre, un mot devant et un autre derrière, n’oublie pas, un premier frisson, un deuxième murmure, saisis l’ondulation de tes émotions, attention, attention, déjà la nuit a plongé sur toi, te serre dans les doux chuchotements, approche toi, approche toi.

Je te donne rendez vous là où,le soir venu, le bleu fait une bourrasque de tonnerre et illumine le jappement du chien, le crissement des pas éclipsés du jardin, le sifflement soyeux des mains plongés dans les poches qui se saisissent de la clé pour ouvrir la porte.
Là entre pénombre et lune espiègle, nuages chapardés, s’immobilisera brusquement le temps,
tu épieras le moindre signe, tu allongeras les oreilles au clapotis des voix, à la nuée des enfants qui viendront frôler le présent.

Dans la nuit tu reconnaîtras la maison, comme un coquillage jailli du sable de ta mémoire, tu l’entendras chanter à ton cœur.

Maison de ton enfance, habitée de musique, de parfums, de voix, de rires, parsemée de pétales fauves et de perles d’ange, de douceurs furtives, aux édredons blancs de plumes de soleil, aux pétales d’eau, enneigée de rêves fruités, de saveurs cueillies aux corbeilles des saisons, d’arômes dispersés aux langueurs de la nuit.
Maison de jour, maison de nuit, jappement des volets ouverts, miaulement des volets fermés, et toi, enfant, mauve danseur des nuages, acrobate des ciels étoilés, magicien bleu de peur, rose de bonheur, grimpe sur les genoux de l’abîme, caresse les joues abricots du passé, la blancheur écaille les vagues que suit la mémoire qui court, il était une fois…, sur le souffle d’une histoire.