mardi 25 mars 2008

Douanne



Les nuages se sont trompés de route, ils sont arrivés ici en hébergement d’urgence comme d’autres sans abri. Toutes les fuites s’accumulent entre les rives de l’espoir. Sans nom et d’origine inconnue, tout blanc, tangue, cœur battant, la solitude.

Rossemaison



Dans ma chambre. Fric frac. Clic clac. Ça c’est écroulé tout seul.
Un château de méli mélo, de sable, de vagues, de ciels et d’étoiles. Ecroulés et bariolés. Des paroles sortent des boules de cristal avec des chiots qui jappent, des tunnels d’oreillers grimpent sur mon dos, des arbres de petites autos foncent dans les orteils, des souris de trois fois trois font des ritournelles, des puzzles de gourmands encombrent les draps qui s’agitent comme des ailes de grands oiseaux qui planent dans les cache-cache où je retrouve la petite bille perdue que tu m’avais donnée en échange d’un baiser, au premier anniversaire de mes cinq ans, quand le soleil a fondu la neige, que le chat perché est tombé de sa chaise, que j’ai mangé un gros hareng qui était sucré comme le miel et retrouvé des crottes de petits nains emmaillotés dans des chemises cachés sous le lit. J’aime les mirages et les rois mages dandinent de culotte en socquette avec leurs crécelles. Je préfère jouer à la devinette plutôt qu’à la dînette si tu veux faire avec moi un fouillis fouilla pour retrouver la tête de ma poupée Lila.

Bevaix


Je te regarde longtemps afin que ton haleine blanche m’imprègne comme un moelleux et doux mélange, le soupir lève des voiles en partance de voyages lointains et intérieurs.

Saint Ursanne

Gruère

Vorbourg

dimanche 9 mars 2008

Lyon


Parfois il faut laisser des blancs entre les mots, dans sa tête, dans sa vie. Des coquilles vides où va germer on ne sait quoi.


Vous m’avez manqué. Vous ne l’avez pas compris. C’était un geste fou et sauvage. Pourtant je ne voulais pas sortir du cadre. Je ne voulais qu’une chose, rapprocher le proche et le lointain et vous l’offrir.


Mettre les deux pieds bien au sol, avec vigueur les enfoncer, bien droit, de manière à prendre racine. Ne pas devenir pour autant un épouvantail qui effraie les idées dont le vol traverse la tête, et disparaissent. Rester calme. Peut-être même imperturbable. Prendre son expansion dans le déploiement des sens. Entendre. Voir. Les innombrables. Perdus. Essaimés. Sauts infinis. Etincelles filantes. Gestes danseurs. Au vent dispersés. Harmonieux souffles enfantés au chant du monde.


Deux. De l’un à l’autre. La berge vous attend si vous délaissez l’escalier. Le geste est plus ample, le regard plonge, le bras se tend, la main fermée, le désir vous porte et vous bouscule, vous imprime le rythme mouvant de l’inconnu. Déjà ce qui est se trouve transformé, irrigué de ce qui va devenir. Quelque chose échappe au contrôle, va vous imprégner comme la lumière diffuse ses invisibles perles sur le manteau calme de votre apparence.

mercredi 5 mars 2008

La Côte


Je suis arrivée. Enfin. Trop tôt. Je suis arrivée. J’étreins ce bout de ciel qui bleuit déjà. J’ai interrompu le cours trépidant de ma vie. J’ai posé le sac de l’angoisse du trop faire. Stop. Le ciel bleuit. Je le regarde ouvrir progressivement les yeux comme moi quand je jouais petite et qu’on m’avait dit: ne regarde pas… attends un peu… ouvre les, c’est une surprise.
Je regarde ma montre, le ciel bleuit, déjà le soir.

Tavannes


Léger. Rouge. Léger. Tournoie. Un fragment de rêve trace une ellipse autour de moi.
Rouge. Tambourine. Ébats. Émois. Ailes. Rouge. Danse. Flamboie.